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15 - مارس - 2025
Mohamed Najem au Festival Al Bustan : «Ma musique est un pont entre mémoire et espoir»
Par Zahra Merhi | 15 mars 2025
Beyrouth – Al-Quds Al-Arabi
Au cœur du prestigieux Festival Al Bustan, une fragrance inattendue s’est invitée : celle de la fleur d’oranger de Jaffa. Inaltérable et libre de tout passeport, elle voyage grâce au clarinettiste et compositeur Mohamed Najem, qui présente à cette occasion son nouvel album « Fleur de Jaffa », entouré de son quatuor.
Composé de 12 pièces originales, ce disque est un hommage à sa ville d’origine, aux souvenirs racontés par son grand-père, et à la mémoire de son père né à Gaza en tant que réfugié. À travers une musique nourrie de jazz contemporain, d’influences orientales et classiques, Najem reconstruit la ville de Jaffa dans l’imaginaire collectif, ravivant une mémoire longtemps menacée par l’oubli.
Une première au Liban avec le quatuor
Bien qu’il ait déjà joué au Liban en 2009 avec l’Orchestre des Jeunes de Palestine aux côtés de Marcel Khalifé, Mohamed Najem présente pour la première fois son propre projet musical au public libanais. L’émotion est palpable :
« Se produire au Festival Al Bustan, réputé pour sa programmation exigeante, est pour moi un honneur immense. Le Liban a marqué notre mémoire auditive en tant que Palestiniens. J’espère que ma musique touchera le public ici, car elle est le fruit d’un métissage culturel profond. »
Un répertoire aux racines intimes
Le concert du 18 mars au Bustan sera entièrement dédié à l’album « Fleur de Jaffa », un voyage personnel entre amour, mémoire, perte et résilience. Chaque morceau raconte un épisode de vie : ses années d’études à Bethléem, ses deuils, son amour pour sa terre d’origine. Une surprise inédite sera également offerte aux spectateurs.
Créer en temps de guerre
L’album a été finalisé en juin 2023, quelques mois avant les événements tragiques du 7 octobre. Face au chaos, Mohamed Najem a hésité à reporter la sortie.
« Mes proches m’ont encouragé à aller de l’avant. Dans les pires moments, affirmer notre humanité et notre attachement à la vie par l’art est une forme de résistance. Cet album témoigne que, même dans l’ombre, la musique peut faire jaillir la lumière. »
Un public fidèle et solidaire
Depuis les débuts de la guerre à Gaza, les concerts du quatuor affichent complet en Europe et ailleurs. Le public vient parfois par curiosité, parfois par solidarité.
« J’ai senti un élan de soutien très fort. La musique devient alors un langage commun, une manière de partager la douleur et l’espoir. »
Une musique entre structure et liberté
Si Najem compose avec une partition précise, chaque concert est l’occasion d’un nouveau souffle.
« Nous gardons l’identité du morceau, mais chaque interprétation varie. Cela permet à la musique de rester vivante, comme un récit oral. »
Une complicité musicale profonde
Le quatuor se connaît depuis 2016. Seul le contrebassiste Arthur Hein est récemment arrivé. L’alchimie est palpable :
« Je leur raconte les histoires derrière chaque morceau. Mon souhait n’est pas qu’ils jouent “oriental”, mais qu’ils ressentent l’émotion et la traduisent avec leur propre sensibilité. »
Des symboles porteurs de mémoire
Bien qu’il ait eu l’opportunité de visiter Jaffa, Najem a choisi de ne pas s’y rendre.
« Je préfère garder vivante l’image racontée par mon grand-père. Le quartier de Manshieh a été rasé. Le souvenir est parfois plus précieux que la ruine. »
Dans son clip, on voit du sable et des pierres de Jaffa, rapportés par une amie, ainsi qu’un oranger planté chez lui.
« Ce sont des symboles essentiels, porteurs de l’âme de cette ville. »
Le quatuor Mohamed Najem
Clément Prioul : piano
Arthur Hein : contrebasse
Baptiste Castets : batterie
Mohamed Najem : clarinette et composition
Discographie
Le Quatrième Étage
Rencontre (avec Matthieu Loescher)
Fleur de Jaffa
